2023 : l’année des grandes prises de conscience dans le digital ?
Depuis 2020, les crises qui se succèdent ont contribué à accélérer plusieurs grandes transitions. Avec la covid et les confinements, c’était l’adoption du cloud, de la visio ou encore du paiement sans contact. Depuis la guerre en Ukraine, les prix des carburants, de l’électricité et du gaz nous poussent à repenser nos modes de déplacement, de chauffage et à parler plus intensément de notre transition énergétique.
Autant de changements qui impactent l’univers digital et pourraient avoir un effet boule de neige. D’autant que la fracture entre le modèle d’un internet capitaliste et oligopole, et celui du web 3 décentralisé et plus libre commence à se ressentir nettement.
Voici donc quelques perspectives positives pour 2023…
Non, le digital n’est pas sobre énergétiquement
En 2022, la sensibilisation à l’impact de nos activités numériques sur la planète a opéré. On sait désormais que les data-centers et l’écosystème digital représentent davantage d’émissions de CO² que le trafic aérien. Et ce n’est qu’un début puisque le secteur engendre une consommation énergétique en hausse de 9% par an en moyenne à l’échelle mondiale.
Les cryptomonnaies et les NFT sont souvent pointés du doigt. A juste titre puisque le minage du bitcoin représente à lui seul un besoin en électricité supérieur à celui de la Suède. Néanmoins il s’agirait en majeure partie d’énergies renouvelables et notamment l’hydroélectricité.
On a bien compris également que vider ses boîtes email et passer nos applis en dark mode ne suffirait pas. Réduire le streaming ou freiner le renouvellement d’appareils serait en revanche davantage efficace.
Alors après la culpabilisation, 2023 sera peut-être l’année du passage à l’action… !
Où en sommes-nous en France… ?
En France, l’appareil législatif a introduit la loi REEN (Réduction de l’Empreinte Environnementale du Numérique) en novembre 2021.
Ce dispositif introduit trois objectifs :
• Sensibiliser à la sobriété numérique dès le plus jeune âge.
• Réduite la fréquence de renouvellement des appareils numériques (ordinateurs, smartphones et tablettes), à eux seuls responsables de 70% de l’empreinte carbone du digital en France en s’attaquant à l’obsolescence programmée et en dressant certaines interdictions face aux fabricants.
• Favoriser les démarches de sobriété, s’agissant par exemple des data-centers et de la création de sites web.
Ce sont les collectivités territoriales qui vont ouvrir le bal. Dès ce mois-ci, les communes et intercommunalités de plus de 50 000 habitants doivent établir un programme de travail qui les mènera à l’adoption d’un plan de stratégie numérique responsable à l’horizon 2025. Leurs missions à ce titre : réfléchir au cycle de vie des appareils, infrastructures réseaux et logiciels, à l’inclusion numérique des administrés, à la formation de leurs propres collaborateurs ou encore à l’émergence de projets collaboratifs intégrant du digital.
L’Europe, ardent défenseur de notre sécurité digitale
Les rappels à l’ordre et les amendes à l’encontre des géants du digital se multiplient, preuve que l’Union Européenne est sur le pont s’agissant de protéger ses usagers du net depuis la mise en place du Règlement Général Européen pour la Protection des Données Personnelles.
Tout récemment c’est notre CNIL qui a infligé à Microsoft une amende record de 60 millions d’euros pour le non-respect par Bing des règles liées aux cookies. Et en juin prochain, c’est Google Universal Analytics qui migrera vers la nouvelle balise G4 pour se conformer au RGPD et mieux respecter notre vie privée. Concrètement, le tracking ne sera plus basé sur nos adresses IP (considérées comme données personnelles par la CNIL) mais sur des ‘clients-id’. Et c’est grâce à l’intelligence artificielle qu’il palliera le manque d’éléments, afin de maintenir une puissance de ciblage publicitaire.
Ces gros titres commenceront-ils donc à favoriser une prise de conscience du public ? D’autant que les solutions de demande de consentement ne sont finalement pas au service de l’internaute d’un point vue ergonomique avec leurs bannières ‘j’accepte’ qui entravent les pages web. On entrevoit déjà d’autres alternatives…
Ainsi certains sites revendiquent ne pas utiliser les cookies et n’ont donc pas besoin de ces solutions. Ou encore d’autres qui vous proposent un abonnement payant comme alternative à l’abandon des cookies, à l’instar de Marmiton et AlloCiné.
Dans l’arsenal législatif, l’UE a aussi dégainé le Mica (règlement Markets in Crypto Assets) pour mieux encadrer l’usage des cryptomonnaies et protéger les européens. Autres dispositifs : le Digital Service Act qui a pour objet la lutte contre les contenus illégaux et produits illicites en ligne. Aspect important de ce DSA, il souhaite harmoniser les législations nationales en la matière par souci d’efficacité. Enfin le Digital Market Act qui entre en vigueur en mars prochain pourrait faire du bruit car il vise à limiter le monopole européen des GAFAM en leur empêchant notamment de favoriser leurs propres produits et services. Citons comme exemple la présence de Google Shopping (condamné à ce titre par la Commission Européenne) ou la pré-installation de logiciels sur un ordinateur ou un smartphone.
La fin de l’hégémonie des GAFAM ?
Ok on peut rêver mais il me semble que la prise de conscience collective quant à leur exceptionnelle suprématie s’amorce. Le Digital Market Act en est l’illustration.
Le classement des 10 plus importantes capitalisations boursières mondiales est trusté par… devinez qui ? Les géants du digital : Apple, Microsoft, Alphabet (holding de Google), Amazon, Tesla, Meta ou encore Nvidia. Outre nos usages et appareils numériques, ils s’étendent aux modes de déplacement, de paiement, à la distribution physique et même à la conquête spatiale. Plus inquiétant encore : à notre alimentation. Saviez-vous que Bill Gates est le plus grand exploitant agricole privé aux Etats-Unis ?
Comment agir ?
Diversifions nos usages pour leur donner moins de données et donc de pouvoir. Par exemple, combinez deux navigateurs : l’un pour vos recherches et l’autre pour le reste de vos besoins (messagerie, shopping, réseaux sociaux.). On peut aussi chercher d’autres acteurs offrant les produits et services qu’il nous faut. Quelques exemples : Qwant, moteur de recherche français, BlueMind, messagerie collaborative européenne ou Fairphone, fabricant nééerlandais de smartphones écoconçus.
Fédiverse, en quête d’alternatives
Non ce n’est pas un jeu de mots à deux balles… promis ! Le fédiverse (contraction de ‘federation’ et ‘univers’) désigne une galaxie de logiciels libres qui utilisent tous le même protocole. On peut ainsi le comparer à un univers de blocs offrant différentes fonctionnalités et capables de communiquer entre eux. C’est un système décentralisé qui s’oppose aux modèles centralisés que nous connaissons via les Gafam par exemple. Le plus connu de ces logiciels est sans doute Mastodon, présenté comme substitut à Twitter. Mais cette fédération abrite aussi PeerTube, plateforme vidéo, ou PixelFed, proposé comme alternative à Instagram.
Alors ouvrons nos mirettes en quête d’outils pertinents dans ce fédiverse qui semble offrir de belles perspectives. Car même si les géants du web ont une longueur d’avance, n’oublions pas que ce sont nous, les usagers, qui avons le pouvoir de changer les choses.
Comme je n’ai toujours pas de boule de cristal, je vous donne rendez-vous dans quelques mois pour évaluer l’ampleur des changements. A titre personnel, j’espère que le web dont j’ai fait mon métier après en être tombée amoureuse un peu avant 2000, gommera au moins une partie des défauts qu’il a engendrés avec les années.
Crédit photo : shubham-dhage-gC sur Unsplash
Elise Roussel
Freelance en marketing digital
Consultante depuis 2009, j’accompagne les indépendants et entreprises dans leur transformation digitale, de la création de site Internet à la stratégie de communication web. Passionnée par mon métier, j’aspire également à le transmettre à des étudiants par le biais d’interventions en marketing digital ainsi qu’à des professionnels via des modules de formation.
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